Paris le 10 mars 1913 (à 9 heures du soir)
Chers parents,
C’est avec plaisir que j’ai reçu votre charmante lettre ce soir en débauchant et combien j’ai trouvé changé ce frère et ces jolies sœurs chéries. je ne peux que vous remercier de cet généreux envoie et dont je conserverais toujours.
Comme vous me dites j’aurais bien voulu être là-bas mais que voulez-vous il faut [illisible]
Combien elles devaient être mignonnes. Je n’ai pu m’empêcher de les embrasser sur ce morceau de carton tellement j’étais content de revoir ces belles figures. Seulement j’espère au mois d’avril pouvoir mieux les admirer. J’ai un copain qui de ce moment est chez lui à Cognac, que papa connaît et qui doit aller vous dire bonjour de ma part. Je pense qu’il ne manquera pas à ma commission.
Ici je vous prie de croire que c’était quelque chose la mi-carême et l’on ne peut voir tous les chars tellement qu’il y en a. Les reines surtout sont très gracieuses.
Hier je suis sorti avec Comet, Delouche et Brand (?). Je vous promet que l’on s’en fait pas un brun ensemble. c’était la journée du théâtre pour nous car à 2 h 1/2 nous avons été à l’Eldorado jusqu’à 6 heures du soir et après dîner c’était au théâtre Cluny jusqu’à minuit. On [voulait aller au] Châtelet, seulement ce sera pour une autre fois, car ils ont une nouvelle pièce et cela durera longtemps avant qu’il la change.
Delouche passe le conseil avec moi alors jusqu’ici nous avons convenu de partir le samedi soir et de repartir de Cognac le mercredi matin à 10 heures. Vous voyez que notre séjour sera court mais l’on ne peut pas laisser son travail pendant 15 jours.
Je ne sais pas si Raymond est toujours décidé à aller à Cognac pour Pâques, mais seulement tous ont dit que c’était une belle rosse car nous n’avons pas encore eu un mot de lui depuis plus de 3 semaines, aussi on lui a envoyé une jolie carte sur laquelle nous avons tous signé. Il devra en être content.
Comme vous devez le savoir c’est à peu près fait la loi de trois ans va passer aussi vous pouvez vous en attendre comme moi seulement ce qui est malheureux, c’est ceux qui devaient retourner au mois de septembre comme Audoin (?) et qui devront rester un an de plus.
Je ne vois pas autre chose à vous dire pour le moment que je porte très bien et termine en vous embrassant tous de tout cœur.
Votre fils
Marc
J’ai reçu la lettre de René [1]
Je lui ferais réponse
demain. Remerciez-le
pour moi.J’attends toujours une lettre d’Yvonne [2] car elle n’a pas encore répondu à la mienne.
Chère mère,
Je pense mon linge arrivera en bon état car je vais l’expédier demain matin et je compte sur ton amabilité pour le recevoir comme d’habitude [3].
J’attends le mois d’avril pour t’embrasser.
Ton fils, qui travaille toujours en pensant à vous tous.
Marc.
Notes
[1] Il s’agit de son oncle, frère d’Alphonse, son père, ferblantier lui-même. Voir les recensements de Cognac.
[2] Sa sœur aînée, qui a épousé un Camille Desmoulins mort à la guerre lui aussi.
[3] L’Hôtel Populaire pour Hommes où vivait Marc disposait sans doute d’un lavoir comme des établissements construits à la même époque. Marc y faisait peut-être sa lessive courante et expédiait le reste à sa mère.